15 sept aff new new

Les «chinoiseries» du XIXe siècle

Si les «turqueries» avaient attiré les compositeurs du début du XIXe siècle, cinquante ans plus tard, ce fut la mode des «chinoiseries».Boieldieu, dans Le Calife de Bagdad, et C.M. von Weber, dans Abu Hassan (notre festival à Pourrières en 2006), avaient voulu brosser le tableau idyllique d’un Orient attachant et romantique. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, la Chine n’est qu’un prétexte pour révéler des situations bien françaises. La satire politique en toile de fond n’est pas sans exigence pour la couleur musicale : celle-ci doit pouvoir s’épanouir dans l’âpre persiflage comme c’est le cas dans Ba-ta-clan et Fisch-Ton-Kan où, en dépit de la vision critique de la réalité, la tendresse s’exprime avec une grâce ardente et une belle ampleur.

Sauvage, Offenbach, Chabrier

un trio détonnant

Le vaudeville Fisch-Ton-Kan ou l’Orphelin de Tartarie, parodie chinoise créée en 1835 par Sauvage et de Lurieu, eut un grand retentissement et inspira plusieurs compositeurs.

En effet, Ba-ta-clan d’Offenbach, chinoiserie musicale de 1855, trouve son ressort dramatique directement dans le vaudeville. Offenbach lui rend d’ailleur hommage en terminant la partition sur le mot «Fisch-Ton-Kan».

Quelques années plus tard, Chabrier rencontre Verlaine au cercle littéraire du Parnasse. Ensemble, ils créeront deux opérettes, dont Fisch-Ton-Kan qui restera inachevée. Néanmoins, Chabrier en présentera une première version en 1873 au Cercle de l’Union artistique. Il y invite Sauvage, le dernier auteur vivant du vaudeville, en lui affirmant que son oeuvre n’est pas dénaturée.

Les compositeurs et l’écrivain, partageant l’ambition de “raconter pompeusement des choses comiques”, naviguent avec une élégante légerté entre le rire bouffon et le sérieux de la réalité politique.